samedi 15 janvier 2011

Exorcisme de style, fantomatique



Nous étions dans une voiture nauséabonde, en fait, une odeur flottait dans tout le métro. Un pestilentiel effluve de putréfaction régnait dans la déserte Station Berri-Uqam. Sur la ligne Orange direction MortMorency. Le train semblait prisonnier de l’immobilité. Alors que l’immuabilité allait enfin prendre fin, un zombie entra lourdement et lentement. Il portait une veste maintenant marron dont on ne pouvait deviner la couleur originel. Ses souliers gris morgue avaient peut-être déjà été blancs. En se retournant pour s’agripper à une barre, son autre bras coinça entre les portes. Du coup, des personnages éthérés, translucides et fantomatiques apparurent dans un effroyable hurlement. Le métro roulait. Nous restions cois et terrorisés.

Une jeune fille morte-vivante assise sur le banc à côté du brun zombie, pouffa d’un rire démoniaque. Elle riait à s’en décrocher la mâchoire. D’ailleurs son maxillaire inférieur s’écrasa sur le sol sale. Le zombie entra dans une mortelle colère. Son bras prisonnier des portes craqua et se détacha, laissant sa crédibilité coincée dans l’éternité. Notre zombie descendit à Sherbrooke, la morte-vivante monta le son de son baladeur jaune Sony, sa lèvre supérieure bougeant comme le murmure des paroles d’une chanson pop vide de vie. Les fantômes réapparurent en hurlant. Nous emboîtâmes le pas au lent zombie marron.

Deux heures plus tard le nonchalant zombie manchot arriva enfin à la Bibliothèque Nationale qui était aussi déserte et puante que la Station Berri-Uqam. Il s’installa dans un fauteuil. Le manchot zombie commença à lire Le Monde Diplomatique. Nous avions toujours su que c’était le type de publication qu’on pouvait lire d’une seule main. Soudain, son téléphone cellulaire sonna mortellement. Une goule asiatique passait derrière lui au même moment. La goule arracha le derrière de la tête du zombie et grignota des morceaux de cerveau pourri en disparaissant dans les brumes ténébreuses de la bibliothèque.

Effrayés et stupéfaits, nous quittâmes l’endroit pour aller siffler une pinte de bière. Arrivés à La mort à boire dans l’entrée de la brasserie une plaque bleu diabolique lançait cette funeste inscription : ‘’Nous nous emmerdons et facebookons dans un métro qui roule vers la mort.’’ Wow! Nous sirotâmes, tétâmes et fîmes durer nos pintes de bière juste pour vérifier.



7 commentaires:

  1. Flash! J'ai modifié les verbes au passé composé du dernier paragraphe pour respecter le passé simple de l,ensemble du texte. Je trouve ça plus drôle comme ça, d'ailleurs, il y a "âmes" qui reviens litaniquement. Est-ce que ça te va?

    nous quittâmes... nous sirotâmes, tétâmes et fîmes durer...

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  2. Clarence, je t'embrasse, cependant ''âmes'' ne revient pas litaniquement, plutôt, liturgiquement! ;-)



    Ça me va!

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  3. Je suis bien soulagée d'avoir voyagé en bus au Canada!

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  4. Prenez le bus! Les paysages sont plus jolis et les passagers moins moribonds... Prenez le bus! Prenez le bus!

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  5. y'a un anonyme qui a dit que tu te faisais sucer par un nazi devant des enfants qui se branlent en te regardant, chez zhom. vu que je t'aime bien, je crois que c'était mieux de ma part de te mettre au courant... ou au jus...
    de carotte...
    mon poulet...

    bref.

    "litanie, prends pitié de ma pauvre pinte de bière..."
    (ozzy brochbourne)

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  6. Merci momo le total, mais aujourd'hui, j'ai pas le temps, c'est le jour des vidanges.



    bises de sacs verts

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  7. bien joli tout ça. L'oubli de la grenouille dans ton histoire est volontaire ?

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