vendredi 12 octobre 2012

Du sperme et du sang.






Au début du mois d’août notre bon Premier Sinistre, l’infâme John James, déclenchait des élections. Sur fond de crise étudiante, de crise sociale rapidement évacuées  du débat politique, le Québec allait aux urnes. Or, depuis le début de cette estivale campagne électorale, ton blogueur favori a tâté du cynisme de ses compatriotes. Il était gros! Impressionnant! Empruntant les largesses du tour de taille du bon Docteur Barette, que dis-je, aussi gros et hypertrophié que l’égo de l’incorruptible Duchesneau, le cynisme s’exprime souvent à travers un tollé au boycott du vote. Cet appel prend souvent la forme d’un slogan anarcho-végé-tantrique : Élections piège à cons.


Pardon!?!? Hein!?!?!? Ouate de phoque!?!?!?! Les choses étant ce qu’elles sont, ma vie étant la mienne, remplie de bruyant show ponque-croque, d’utilisation abusive de casques d’écoute,  mon ouïe n’a plus l’acuité qu’elle avait,  de sorte que la première fois que ton blogueur d’amour a entendu le dit slogan, il a plutôt ouï : Érections pièges à cons.  Les jokes de pipi, caca, foune pouette m’ont toujours fait rire. Celle-là encore plus, vu que ce bon Stephen Harpeur prononce toujours érection au lieu d’élection, à croire qu’il fait une fixation sur les bandaisons.  Ceci étant écrit, cela étant lu, laisse-moi donc te raconter ma journée d’élection ou d’érection…


Le soleil brillait de tous ses feux. J’étais grognon. J’en avais assez du soleil, de la chaleur, de la sueur, alouette! Quoi qu’il en soit, je me résignais à aller faire mon devoir de bon citoyen. Je détestais cette idée de devoir et de responsabilité. J’ai toujours voté dans la joie et l’expectative de voir ce qui arriverait. Un peu comme quand tu fais un mauvais coup pis que t’as hâte de voir le résultat.  C’était donc avec l’espièglerie au cœur,  que d’un pas allègre j’allais enfin être un bon citoyen!


Irradié par les rayons de l’astre de feu, j’arrivais énergisé à l’école primaire où se tenait l’élection dans le comté d’Hochelaga-Maisonneuve. Un gentil  bénévole m’a accueilli  en souriant. Une longue file d’électeurs empruntait l’escalier de terrazo  jusqu’au cœur de l’école,  siège des émotions démocratiques. Soudain, au bas du palier un autre bénévole à moustache a crié, 69! Bureau 69! Bingo! Bingo! Ai-je répondu gaiment. Par ici, monsieur. Je passais devant tout le monde suivant les indications du moustachu qui me dirigeait vers la table 69.

Une curieuse odeur de renfermé mêlée à celle des  sueurs politiques flottait dans le gymnase, la poussière virevoltait dans les airs, la table 69 m’attendait au fond de l’aire de jeu. Baignée par la lumière, radieuse, arborant un chandail à tête de loup déformée par une opulente poitrine et portant fièrement sa coupe de cheveux asymétrique rappelant vaguement les infernales  années 80,  Cindy la plantureuse et  angélique  lesbienne briseuse de cœurs souriait béatement. Parlant cœur, le mien venait frapper le carré rouge que la scrutatrice d’Hochelaga m’avait tatoué en avril. Pour être franc, il n’y avait pas que ma vieille pompe à hémoglobine qui s’activait. Bien que converti  à l’ascétisme et  aux vertus bouddhiques du punk, je sentais mon infâme membre viril qui pulsait dans mon slip trop troué.  


Arrivé devant cette satanée table, j’ai présenté mon carton d’électeur et une pièce d’identité. Tandis que ses collègues vérifiaient que j’étais bien l’humble Flash Gordon que j’étais sur la liste. Nos regards se sont croisés. En fait, ils ont fusionné dans un arc électrique seulement visible par nous. Shazzzzam! Alors que Germaine me tendait mon bulletin de vote, je ne quittais pas Cindy des yeux. Je me retrouvais derrière l’isoloir. Je dépliais mon bulletin de vote. Merde! Je n’avais pas pris l’esti de crayon officiel! En plus, j’étais finalement bandé comme un bouc. En fait, cette érection prenait tout l’espace disponible dans mon bermuda cargo, à tel point que je craignais qu’elle s’en échappe! La peur au visage j’ai sorti ma tête de derrière l’isoloir. Pssit! Pssit! Pssit! Cindy! Ma belle Cindy passe moi un crayon s’il te plaît, ai-je innocemment supplié. Sans le vouloir, je venais de déclencher une série d’événements qui rendraient à tout jamais mon exercice du vote lubrique, érotique et erratique.


L’expression érection piège à cons allait prendre tout son sens. Ma lesbienne végétarienne préférée s’est levée pour me donner de quoi faire des beaux X. Son sourire coquin accroché à ses lèvres pulpeuses et ses yeux bleus luxure venaient de m’achever. J’étais une érection! Bâton de dynamite au bord de l’explosion. J’ai pris le crayon mes doigts frôlant ceux de ma divine Cindy. J’étais sur le point de m’évanouir lorsqu’elle m’a posé cette simple question en portant son regard lubriquement affamé  sur l’origine de mon malaise. Es-tu content de me voir ou t’es juste bandé de voter? Pour toute réponse j’ai voté pour le candidat debout et orangé puis j’ai déposé mes lèvres contre les siennes en m’agrippant à la tête de loup de son chandail.  La suite serait épique, rien de moins.


En moins de temps qu’il ne le fallait pour égrener un chapelet un soir d’érection, Cindy avait libéré mon vit au gland turgescent pour le branler vigoureusement un peu comme ces travailleuses asiatiques exploitées qui vérifie les vibromasseurs à sonnettes en les secouant énergiquement. Après avoir dégrafé son soutif pour pincer ses mamelons pour lui prouver qu’elle ne rêvait pas, je relevais la jupe de ma compagne. Quelle drôle d’idée! Elle portait une tite culotte! Au point où j’étais rendu ce n’était pas une petite barrière de textile qui allait m’arrêter…  J’écartais donc la culotte aux têtes de morts. Du bout des doigts, je sentais la chaleur et la moiteur du sexe de ma végétarienne d’amour. Cindy s’est alors penchée, puis appuyée sur la table derrière l’isoloir. Mon  gland toujours turgescent se trouvait sur le bord de cet antre humide de plaisir. Elle a cambré les fesses et d’un coup de hanche plutôt rock, je l’ai pénétré profondément. Mon vit s’est enfoncé dans son con. Je continuais à rocker des hanches. Mon pieu entrait et sortait dans un pervers va et vient. Je commençais à comprendre l’expression piège à con alors que Cindy gémissait animalement.  Ma tête dépassait de l’isoloir et je m’activais,  toujours à soulager mon érection dans le con de cette curieuse fille aux cheveux de feu. Il y avait du sport! Yéa! On a beau dire mais quand on se fait aller la trique dans un con bien juteux, ça devient aussi excitant que sportif. L’isoloir était tombé. Je continuais à besogner Cindy résolument, ce faisant j’avais attrapé ses généreux seins pour lui en titiller les bouts. Elle s’agrippait à la table. J’ai envoyé un clin d’œil à ma compagne. C’est à ce moment là que j’ai remarqué qu’autour de moi ça s’activait solide aussi.


Le moustachu embrassait Germaine à bouche que veux-tu tout en malaxant sa poitrine! À la table d’à côté les deux scrutateurs avaient dégainé leurs verges et s’astiquaient mutuellement le manche. À l’entrée du gymnase, je voyais une gang de libéraux s’activer sur des électeurs. Je peux t’affirmer qu’ils étaient libéraux car ils enculaient les votants sans lubrifiant. Plus loin, des péquisses les imitaient ajoutant seulement un peu de beurre du Québec. Ça c’était du vote stratégique! Deux caquisses à casque s’adonnaient à un 69 que n’aurait pas renié leur comptable de chef. Des gémissements, des cris, des bruits lubriques, des pops, des zoukezouks s’élevaient dans Hochelaga-Maisonneuve. Cette symphonie sexuelle devenait la trame sonore du vote. Dans un coin, ça forniquait, dans l’autre on s’embrassait. Il n’y avait pas à dire,  les érections attiraient les cons pour le meilleur et le pire de la démocratie québécoise.


Je faisais corps avec Cindy. Mes mouvements étaient siens, mes mains étaient seins. Nous ondulions de plaisir. L’excitation atteignait un point de non-retour. Nous explosions! Dans un cri conjoint de jouissance, mon vit emplissait de semence le con de ma partenaire. Puis, c’était la queue encore dégoulinante que je déposais mon bulletin de vote dans la boîte. Sous la table, emboîtés l’un dans l’autre, le moustachu et Germaine s’amusaient ferme.  J’embrassais Cindy en m’excusant pour mon piège à con. Je traversais le gymnase enjambant des couples, des trios, des familles politiques et de fiévreux adeptes de l’onanisme. Dans l’escalier on se bousculait, tout le monde voulait jouir de la démocratie. Fraîchement converti aux joies du punk bouddhisme, je quittais l’école avec le sentiment d’avoir plaisamment fait corps avec ce que la démocratie québécoise avait de mieux à m’offrir. Finalement, les anarcho-végé-tantriques avaient raison : Érections piège à cons!


Quelques minutes plus tard, j’arrivais chez moi en souriant comme un dalaï-lama tatoué à crête. Dring! Dring! Dring! Le téléphone ne cessait sa plainte qu’au moment où je décrochais le combiné. C’était mon amie Petit-Loup! Je l’invitais à regarder la soirée électorale. Elle serait sportive! C’était sûr! Les diseuses de bonnes aventures, les sondeurs, les prophètes, les oracles et tous les journalistes et journaleux le prédisaient.


En début de soirée,  Petit-Loup est enfin arrivée. C’était toujours un plaisir immense que de la côtoyer.  Nous avons débouché une bouteille de gros rouge qui tache pour agrémenter cette soirée électorale. Crisse qu’on était festifs! Yéa! Assis sur ma spacieuse terrasse, Petit-Loup en grillait une et nous regardions les volutes de fumée en discutant de nos préférences en matière de couleurs électorales.  Soudain, ma Sympathique Voisine, attirée par notre brillante conversation, s’est jointe à nous.  Comme un trio d’analystes politiques nous avons donc continué à spéculer sur l’issue de cette journée électorale. Un dingue dong est venu me couper la parole. J’allais ouvrir la porte au livreur de pizzas. Je soulageais le pauvre homme de son fardeau en le payant alors qu’il prédisait une victoire de Fanfois Lego et de ses ti casques. Je racontais l’anecdote à mes deux compagnes tout en leur servant de la chaude pizza.


Après avoir dévoré notre pizza livrée par le petit cousin intellectuel de Gérard Deltell, nous sommes passés au salon, non sans avoir rempli nos verres de vin. Patrice Roy n’avait pas la voix, le flegme et le sex appeal de Bernard Derhum’n’coke, mais Petit Loup comme Sympathique Voisine n’en avaient cure puisqu’emportées sur une discussion sur le choix de société qui s’offrait à nous tous. Pour ma part, tant qu’il y avait du vin je considérais qu’il y avait de l’espoir.

De l’espérance il y en eu, alors que nous étions retournés nous aérer sur ma terrasse la pluie s’est mise à tomber. Cette pluie que nous n’avions pas vue de tout l’été me semblait aussi purificatrice que cette élection à la con. J’avais la futile et naïve impression que cette averse nettoierait ma belle Province. De purification, elle avait désespérément besoin. Donc, la pluie tombait et abreuvait enfin la terre desséchée. Parlant sécheresse, nos gosiers déshydratés réclamaient leurs doses de liquide, je remplissais nos verres et nous nous sommes tous retrouvés devant le téléviseur à regarder tout autant que commenter le spectacle électoral. 


Observer les résultats d’une aussi importante que symbolique élection à la télé c’était une balade en montagne russe émotive. Nous sommes montés dans les hautes sphères euphoriques de la joie à l’annonce de la victoire d’Amir et Françoise.  Puis, une effrayante chute nous a terrorisés chaque fois qu’un caca caquisse gagnait. Un réconfortant soulagement nous enveloppait quand un péquisse plantait un libéral. L’impression de déraillement offrait une pression constante à ce tour de manège politique. Les hauts le cœur se bousculaient dans nos gorges nouées d’inquiétude. La tendance se maintenait selon Patrice Roy, on aurait un gouvernement péquisse minoritaire. Nous revenions à notre point de départ alors qu’une femme prenait les commandes du manège enchanté qu’était le Québec. Je versais une tite larme comme mes deux invitées. C’était pas tous les jours qu’on avait une Première Sinistre…


Mes invitées ne jouissaient pas, comme leur chaleureux mais plutôt éméché hôte du statut de chômeur. Leurs obligations professionnelles tout autant que les bras de Morphée les réclamaient à grand cri de bâillements émus. Après échange de câlins et de chastes bises, Petit Loup et Sympathique Voisine m’ont donc laissé seul avec Patrice. La pluie tombait de plus belle. L’air était lourd comme les sombres rideaux de velours du tragique théâtre de notre démocratie agonisante


Histoire de digérer les tristes résultats de cette élection, qui avait tout de même donnée 50 sièges aux Libéraux dont il semblait qu’on ne serait jamais tout à fait libérer, je me servais un scotch que j’accompagnais d’une bière solitaire et  solidaire. La télé me montrait une Pauline radieuse qui discourait. Je sifflais mon scotch. Hop là! J’entamais ma douce bière quand deux gars sortis de L’agent fait la farce ont agrippé notre nouvelle Première Sinistre pour la sortir de scène. Leslie Nielsen était pourtant mort depuis 2010! La confusion régnait sur scène alors que Patrice Roy bafouillait aussi bien que ce bon vieux Derhum’n’coke.

La confusion faisait tranquillement place à l’horreur alors que l’on pouvait voir l’arrière train du Métropolis en flamme et que l’on annonçait que des coups de feu avaient été tirés. En fait, on le confirmait tandis qu’Yves Desgagnés arborait son sourire toasté des deux bords. La brillance de ses dents blanches n’ont pas suffit à éclaircir les ténèbres qui enveloppait d’un épais mystère le Québec entier. Soudainement, mon téléviseur montrait un hurluberlu à cagoule qui hurlait : Les Anglos se réveillent! Les Anglos se réveillent! Les Anglos se réveillent!


Pardon!?!? Hein!?!?!? Ouate de phoque!?!?!?! Les Anglos se réveillaient!?!?!?! Z’avaient enfin compris!?!?!? Compris qu’ils sont privilégiés d’avoir des soins de santé, de l’éducation et des services de toutes sortes dans leur langue maternelle.Je rêvais! J’hallucinais! Je fantasmais! Après seulement une heure de gouvernement péquisse à Pauline, ils avaient compris ce que de multiples années de lutte indépendantiste n’avaient réussi. Je jubilais de confusion et d’euphorie dans mon salon. Je dansais une tite gigue de bonheur. Mais,  cela a été de courte durée. J’ai été frappé par la dure réalité. Glou! Glou! Glou! 


Hein!?!?!? Ouate de phoque!?!?!?! Quoi encore!?!?!?  Glou! Glou! Glou!  Le sang coulait. Ce fou clamait le réveil des Anglos alors que le sang coulait. Glou! Glou! Glou! Ce dément était responsable.  Il y avait eu mort d’homme. J’osais espérer que ce n’était pas un réveil sanglant que les Anglos souhaitaient. Le sang coulait. Glou! Glou! Glou! L’hémoglobine engluait à tout jamais dans nos mémoires le souvenir de cette funeste soirée. Ce n’était pas qu’une figure de style. Glou! Glou! Glou!  Le sang jaillissait! Fontaine de sang,  mon téléviseur suintait de liquide rouge, épais, ferreux et froid. Glou! Glou! Glou!   Ça dégoulinait, je ne voyais plus clair. Il y en avait partout. La télé balbutiait dans les globules rouges. J’avais les pieds dans le sang. Le Québec baignait dans le sang. Puis,  je me suis mis à songer que si je te racontais ça, tu me dirais que c’était juste de la délirante littérature. À mon grand désarroi, la réalité dépassait toujours la fiction, mais jamais, au grand jamais pour le mieux.  Ainsi, une funeste tragédie nous guettait toujours. Esti! Leloup avait raison! Le monde était à pleurer. Je contenais malgré tout mes larmes, de peur,  qu’elles soient de sang.