samedi 29 janvier 2011

Le diable d'Amérique.



Diable d'Amérique! Je veux te glisser un mot à propos du diable d'Amérique. En fait, je vais t'en faire le portrait. Tu pourras ainsi, comme moi, frémir des sévices qu'il infligera vicieusement à l'humanité. Sers toi un verre de ton alcool préféré, on part.



À première vue l'animal a l'air inoffensif. Ce diable a flirté avec l'angélisme des marxistes-léniniste-trotskyste-maoïste-boulechiste post soixante-huitard. Il avait l'air tout doux, un ange de douceur. Le bon Québec l'a nourri, l'a engraissé. Sans que personne s'en aperçoive, l'ange a vu sa douceur faire place à l'intransigeance et à la violence. Les jolies ailes ont disparu, les cornes rouges ont fleuri alors que l'on a alimenté la bête. Elle a pris de l'ampleur. Grâce à tes bon soins, c'est un animal vorace et prospère. Il a du succès dans tous les domaines. Le démon américain te vend de tout: des magazines, de la térébenthine, des journaux, des oripeaux, des pilules, des bidules, des musiques, des gamiks, des skidoos, des hiboux, des voitures de métros, des banjos, des cossins à 1 piasse, des bonbons dégueulasses, des la sloche aux poussins écrapoutis, du riz, des pirouettes, des girouettes, des ballons qui tournent sur ton nez, des organes plastifiés, des bijoux, des ripoux, des romans, des forbans, des poutines, des collines, des bières, des prières, des saucisses, des calices... Bref, le diable est partout! Il veut ton bien et il l'aura.



Infatué, méprisant, arrogant, le diable d'Amérique est merveilleux! Si par bonheur, il t'embauche tu pourras apprécier sa magnanimité comme sa générosité. Ah! Tu rouspètes? Pas grave, le diable déplace tes emplois en Amérique du Sud, en Asie. Il se garde l'Afrique pour dumper ses déchets... La bête ne se limite plus qu'à l'Amérique. Tu te dis j'ai une job de bureau, qu'importe, le bourreau va frapper comme le chante joliment Didier Wampas: De toute façon un beau jour ils fermeront les bureaux, comme ils ont déjà fermés toutes les usines! Tu ne gagneras pas, si jamais, il trébuche malencontreusement, comme GM par exemple, ton bon gouvernement viendra aider le diable à se relever.



Je ne te sens pas convaincu. Je te rappelle cependant qu'au lendemain du 11 septembre 2001, te causant de l'Axe du Mal, le diable d'Amérique exhortait ses concitoyens comme toi à aller consommer, consommer, consumer, voilà ce que veut le diable d'Amérique, qui n'a plus d'Amérique que le nom parce qu'il est partout de Tombouctou à Waterloo en passant par Tokyo et Chibougameau... L'as-tu vu? As-tu vu le diable d'Amérique? Pendant que tu penses à ça, je vais aller m'acheter un autre ipod, un cinquante-troisième jeans, des Converses, un t-shirt du Che pis une bouteille de rhum...











On s'en sort pas, nous avons tous de la sympathie pour le diable!











vendredi 28 janvier 2011

Ludisme littéraire et masturbation du vendredi.


Je m'installe à mon bureau avec l'idée de te pondre un beau texte sur le diable. V'là que j'aperçois le gars de St-Henri qui arrive de chez sa mère un questionnaire sous le bras.

Moi: Hé Clarence! Ça roule ma poule? Qu'est que t'as sous le bras?

Clarence: Un p'tit jeu l'fun que j'ai pêché dans l'aquarium chez ma mère!


Moi: Ok! Cool, le vendredi on mange pas de viande! Je m'en pogne un, moi itou!


Alors que je m'en vais faire cuire mon amusant poisson, je passe devant un tatoo shop où Tattoo tâte des aiguilles, je remarque qu'il se fait tatouer le poisson que j'ai vu sous le bras de Clarence... Bonne idée ça! C'est plein d'oméga3, de métaux lourds. Tiens, goûte au mien:


Répondre aux questions suivantes avec des titres de livres:

Décris-toi : L’amant, Marguerite Duras

Comment te sens-tu : Quelqu’un d’autre, Tonino Benaquista

Décris là où tu vis actuellement : Le Château, Kafka

Si tu pouvais aller n'importe où, où irais-tu : L’automne à Pékin, Boris Vian

Ton moyen de transport préféré : Alcools, Guillaume Apollinaire

Ton/ta meilleur(e) ami(e) est : Le jardin des délices, Roch Carrier


Toi et tes ami(e)s, vous êtes : Les enfants terribles, Jean Cocteau

Comment est le temps : 1984, Georges Orwell

Ton moment préféré dans la journée : La nuit, tous les loups sont gris, Gunnar Staalesen

Qu'est ce que la vie pour toi : Prochain épisode, Hubert Aquin

Ta peur : La route, Cormack McCarthy

Quel est le meilleur conseil que tu as à donner : Soigne ta chute, Flora Balzano

Pensée du jour : Porter plainte au criminel, Denis Vanier

Comment aimerais-tu mourir : On achève bien les chevaux, Horace McCoy

La condition actuelle de ton âme : Venus Érotica, Anaïs Nin





Je te laisse là-dessus. Le vendredi je mange pas de viande pour compenser je me branle. Bonne branlette à toi!




lundi 17 janvier 2011

Exorcisme de style, zoologique



Dans la jungle berriuqamienne à l’heure où les animaux débutent leur journée, l’hirondelle ne fait pas le printemps mais le castor bicolore saute du coq à l’âne. La cigale vend la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Le rat a la chair de poule, car le gigantesque serpent bleu sort de son trou noir. Le reptile se dirige vers le Mont Morency. Il longe la rivière Orange. L’écureuil brun aux pattes blanches saute sur le serpent bleu. Le rongeur veut lui aussi aller à la montagne. Sa grosse queue poilue coince sous le ventre écaillé de sa monture, de sorte que le rampement du serpent bleu projette l’écureuil dans l’eau glacée de la rivière. Le singe rit comme une hyène. L’écureuil monte sur ses grands chevaux et fustige le primate du regard. Le rongeur trempé sort de l’eau, tandis que le singe murmure qu’il a mangé du lion. Deux heures plus tard, l’écureuil lit ‘’Le livre de la jungle’’, enfin sec et fier comme un pou. Brusquement, il se met à hurler. À cet instant précis une vipère asiatique passe derrière lui. Elle a d’autres chats à fouetter, mais avale tout de même le rongeur au passage. La vipère chinoise rotant l’écureuil continue à peigner la girafe qui verse des larmes de crocodile.




samedi 15 janvier 2011

Exorcisme de style, fantomatique



Nous étions dans une voiture nauséabonde, en fait, une odeur flottait dans tout le métro. Un pestilentiel effluve de putréfaction régnait dans la déserte Station Berri-Uqam. Sur la ligne Orange direction MortMorency. Le train semblait prisonnier de l’immobilité. Alors que l’immuabilité allait enfin prendre fin, un zombie entra lourdement et lentement. Il portait une veste maintenant marron dont on ne pouvait deviner la couleur originel. Ses souliers gris morgue avaient peut-être déjà été blancs. En se retournant pour s’agripper à une barre, son autre bras coinça entre les portes. Du coup, des personnages éthérés, translucides et fantomatiques apparurent dans un effroyable hurlement. Le métro roulait. Nous restions cois et terrorisés.

Une jeune fille morte-vivante assise sur le banc à côté du brun zombie, pouffa d’un rire démoniaque. Elle riait à s’en décrocher la mâchoire. D’ailleurs son maxillaire inférieur s’écrasa sur le sol sale. Le zombie entra dans une mortelle colère. Son bras prisonnier des portes craqua et se détacha, laissant sa crédibilité coincée dans l’éternité. Notre zombie descendit à Sherbrooke, la morte-vivante monta le son de son baladeur jaune Sony, sa lèvre supérieure bougeant comme le murmure des paroles d’une chanson pop vide de vie. Les fantômes réapparurent en hurlant. Nous emboîtâmes le pas au lent zombie marron.

Deux heures plus tard le nonchalant zombie manchot arriva enfin à la Bibliothèque Nationale qui était aussi déserte et puante que la Station Berri-Uqam. Il s’installa dans un fauteuil. Le manchot zombie commença à lire Le Monde Diplomatique. Nous avions toujours su que c’était le type de publication qu’on pouvait lire d’une seule main. Soudain, son téléphone cellulaire sonna mortellement. Une goule asiatique passait derrière lui au même moment. La goule arracha le derrière de la tête du zombie et grignota des morceaux de cerveau pourri en disparaissant dans les brumes ténébreuses de la bibliothèque.

Effrayés et stupéfaits, nous quittâmes l’endroit pour aller siffler une pinte de bière. Arrivés à La mort à boire dans l’entrée de la brasserie une plaque bleu diabolique lançait cette funeste inscription : ‘’Nous nous emmerdons et facebookons dans un métro qui roule vers la mort.’’ Wow! Nous sirotâmes, tétâmes et fîmes durer nos pintes de bière juste pour vérifier.



samedi 1 janvier 2011

Bonne année grand nez!






Je regardais derrière moi. 2010 avait été défoncée, il ne restait que les ruines d'une inénarrable année. J'observais aussi mon passager ténébreux. Je le connaissais mieux, je le maîtrisais même, il n'était pas que ténèbres, perdu dans mes pensées nombrilistes et passives, j'avais la tête dans les nuages. Remarque que c'est moins pire que dans le cul...


Ce très cher Lutin n'a pas son pareil pour te sortir de tes rêveries!

- Papa! Papa! J'ai faim!

Mon fils est un peu comme Obélix, on peut connaître l'heure du jour aux gargouillis de son estomac. Midi tapant! Je nous réchauffai de la tourtière. Mangeant nos pointes de pâté à la viande généreusement recouvertes de ketchup, nous papotions joyeusement.


- Hey Papa! Tsé, moi je suis né en 2004 faque j'ai 6 ans et demi, je vais avoir 7 ans bientôt!

- Ça passe vite, hein?


- Waaaééé! T'as bin raison, Papa ça passe vite!



Je me délectais du spectacle du Lutin. Il dévorait son repas, avec gourmandise et plaisir. Soudain, dans un éclat de ketchup, je compris que je devais regarder droit devant. Ça a passé vite, ça passe vite mais surtout ça passera vite. Mon regard loin devant j'aperçus 2012! Phoque! Je capote! À l'image du Lutin, je mords dans 2011 avec avidité et passion.


- Hey Yo! Je t'aime yo! lâcha le Lutin la bouche pleine et les lèvres ketchupées.


- Moi aussi mon loup je t'aime! Bonne année grand nez!


- Hey! J'ai pas un grand nez, grandes dents! Répliqua-t-il une lueur malicieusement vivante dans l'œil.



Comme des loups, nous mordions dans nos tourtières, mais encore plus dans 2011! Dépêchons-nous à la dévorer 2012 est à nos portes!



Bonne Année à toi!