L'Étranger est un essai fort intéressant, instructif et drôlement actuel, malgré qu'il ait été écrit en 1945. Pour te donner une idée de la teneur de la chose, n'écoutant que mon désir de te charmer tel un vendeur d'aspirateur, je te cite le quatrième de couverture:
''On qualifie l'étranger d'ingrat, dans la mesure où il refuse de reconnaître que le modèle culturel qu'on lui propose lui procure asile et protection. Mais les gens qui le traitent ainsi ne s'aperçoivent pas que, au cours de sa phase de transition, l'étranger ne considère pas du tout ce modèle comme un asile protecteur, mais bien plutôt comme un labyrinthe dans lequel il a perdu tout sens de l'orientation.''
Une lecture comme celle-là m'a fait un bien immense. Elle m'a fait réfléchir sur le choc de l'immigration. Schütz évoque la difficulté pour l'immigrant à trouver des balises, des points de repère. En fait, il semble parlé du Québec tant son analyse du problème du nouvel arrivant est fine et juste.
En plus, il parle ensuite du retour dans sa terre natale du soldat. Schütz établit un parallèle entre l'immigrant et le soldat de retour chez lui. Ils vivent des épreuves similaires lorsqu'ils veulent intégrer la société. Brillant. En ces temps troubles où nos vivons paisiblement, des soldats canadiens sont au loin, en Afghanistan. Or, le propos du sociologue est encore plus criant de vérité lorsque l'expérience militaire se déroule dans une situation ambigüe comme celle-là.
Je me permets d'y aller de ma propre réflexion suite à cette incontournable lecture. Je remarque que l'immigrant vit à peu de choses près ce qu'un individu différent vit dans la société. En effet, le handicapé, l'ex-junkie, l'ex-taulard, le transsexuel, le gros, le noir, le punk et le soldat revenant au pays ont tous en commun de ne pas se reconnaître dans la société, de ne pas y trouver de réponses culturellement adéquate pour lui. Et vlan dans les dents! L'intolérant conformisme ne peut pas toujours se fermer, il en va de l'avenir d'une certaine cohésion sociale.
Alors qu'un vent de bêtise souffle sur la République Démocratique du Québec, il me semble que cet ouvrage vient éclairer une problématique que la commission Bouchard-Taylor a assombri dans le ténébreux brouillard de la xénophobie... Bref, Flash Gordon te le recommande chaleureusement.
Alfred Schütz, L'étranger, Paris, Éditions Allia, 2003, 78 p.
''On qualifie l'étranger d'ingrat, dans la mesure où il refuse de reconnaître que le modèle culturel qu'on lui propose lui procure asile et protection. Mais les gens qui le traitent ainsi ne s'aperçoivent pas que, au cours de sa phase de transition, l'étranger ne considère pas du tout ce modèle comme un asile protecteur, mais bien plutôt comme un labyrinthe dans lequel il a perdu tout sens de l'orientation.''
Une lecture comme celle-là m'a fait un bien immense. Elle m'a fait réfléchir sur le choc de l'immigration. Schütz évoque la difficulté pour l'immigrant à trouver des balises, des points de repère. En fait, il semble parlé du Québec tant son analyse du problème du nouvel arrivant est fine et juste.
En plus, il parle ensuite du retour dans sa terre natale du soldat. Schütz établit un parallèle entre l'immigrant et le soldat de retour chez lui. Ils vivent des épreuves similaires lorsqu'ils veulent intégrer la société. Brillant. En ces temps troubles où nos vivons paisiblement, des soldats canadiens sont au loin, en Afghanistan. Or, le propos du sociologue est encore plus criant de vérité lorsque l'expérience militaire se déroule dans une situation ambigüe comme celle-là.
Je me permets d'y aller de ma propre réflexion suite à cette incontournable lecture. Je remarque que l'immigrant vit à peu de choses près ce qu'un individu différent vit dans la société. En effet, le handicapé, l'ex-junkie, l'ex-taulard, le transsexuel, le gros, le noir, le punk et le soldat revenant au pays ont tous en commun de ne pas se reconnaître dans la société, de ne pas y trouver de réponses culturellement adéquate pour lui. Et vlan dans les dents! L'intolérant conformisme ne peut pas toujours se fermer, il en va de l'avenir d'une certaine cohésion sociale.
Alors qu'un vent de bêtise souffle sur la République Démocratique du Québec, il me semble que cet ouvrage vient éclairer une problématique que la commission Bouchard-Taylor a assombri dans le ténébreux brouillard de la xénophobie... Bref, Flash Gordon te le recommande chaleureusement.
Alfred Schütz, L'étranger, Paris, Éditions Allia, 2003, 78 p.
j'avais beaucoup aimé "l'étranger" de camus, parce que tout paraissait tellement simple et complètement brouillé à la fois. on se serait cru dans la tête d'un extra-terrestre, indifférent aux coutumes, détaché dans la ouate.
RépondreSupprimersinon, comme dirait trader, "on a jamais le temps de tout lire" (à quelque chose près)...
chaque chose en son temps. merci kan maime.
Yeah!
RépondreSupprimerC'est une bonne réponse à Foglia, en plus. Pour une fois que je ne suis pas d'accord avec lui! Dans une chronique récente ("Votre maladie", je crois), il s'indigne de l'autocritique "exagérée des Québécois, pour qui c'est devenu la mode de se traiter de tous les noms, genre.
Moi, je veux bien croire que notre société est l'une des plus tolérantes au monde, mais tant qu'il reste de l'intolérance (et me semble qu'on n'a pas à s'éloigner beaucoup de la ville-centre pour arriver à Ignoreland ou à Fearmongerland), moi je m'associe pas à ça, faites-le votre pays, moi je m'occupe de ma communauté en premier - ce que tout un chacun devrait faire...
Pour ma part, je ne m'associe pas à ça non plus. Même lorsque j'habitais dans mon Shawinigan profond je m'y associais pas du tout.
RépondreSupprimerDe plus, on ne se traite pas de tous les noms tant que ça. La tendance est plutôt à se trouver ''infiniment pas pire'' ;-)
À la lecture de ''L'étranger'', j'ai cependant eu en tête une vieille chronique de Foglia intitulé ''Le parcours de l'immigrant''(23 janvier 2007) où il illustrait avec brio la thèse de Schütz. Je ne crois pas, ne sais pas, s'il l'a lu...