J’ai un merveilleux souvenir de zoo à te raconter. Un souvenir vintage comme des vieux magazines qu’on lisait d’une seule main, il remonte à la surface du présent provenant de mes années 80. Attention, tu ne verras plus jamais le zoo de la même manière. C’est une réminiscence presque magique.
Allons-y! Véritables Marty Mcfly perdus au zoo, nous nous amuserons comme des fous...
Ça n'allait pas très bien entre mes parents, il y avait orage à l'horizon. Peu importait ce petit détail, en bons parents ils nous emmenèrent au zoo. Par une belle journée ensoleillée comme une palette de couleur, nous allions voir d'étranges animaux.
Le soleil immense jaune d'œuf brillait de tous ses feux. Le ciel bleu poudre d'escampette affichait une limpidité inhabituelle que les nuages blanc virginal troublaient à peine. Ma mère, ma sœur et moi portions tous des shorts bourgogne oxydé qui se mariait très bien au marine post-naufrage de nos t-shirts. De plus, la couleur de nos shorts rappelait la rouille du char de mon père. La grosse voiture vert désert tachetée de rouille faisait un bruit infernalement pseudo-sportif. Le silencieux percé donnait son charme sonore au véhicule, tout comme son charme olfactif, en effet, ça sentait l'essence et la fumée dans cette immonde et verte bagnole ce courtoisie. En effet, c’était un véhicule de courtoisie car le Caprice Classic brun amour du paternel était en réparation au garage, un gros garage.
Parlant du géniteur, le père portait un jean trop usé au niveau des parties génitales, une chemise à carreau pré-grunge et une grosse barbe de Kamarad. Il conduisait nerveusement, la voiture filait à vive allure vers le zoo. L'orage pointait à l'horizon. Il prit la forme de nauséabondes vomissures que ma sœur expulsait de sa petite bouche. Ma mère se mit à hurler, mon père se gara sur le bord de l'autoroute et ma frangine put terminer sa besogne sans le roulis et l'odeur de l'auto. Alors que ma mère pestait contre mon père et son crisse de char, nous reprîmes la route pour le zoo. L'odeur de vomit dissimulait outrageusement toutes les autres effluves qui auraient pu venir titiller mes narines.
Une heure après l'épisode de mal des transports de ma sœur, la tension entre mes parents était plus que palpable. Mais, je m'en tamponnais le coquillard parce que je verrais enfin les animaux. Tous les animaux étaient mes amis!
La matinée se déroulait joyeusement alors qu'on avait la chance de voir des lions beiges dentistes, des tigres aux couleurs des bobettes de spandex de David Lee Roth, des ours blanc et brun revellos séparés, des singes à cul rouge vif, des rhinocéros gris patio, des oiseaux multicolores que n'aurait pas renié la communauté gay mondiale... Mais, l'orage menaçait toujours! L'heure du lunch venue, nous nous installions pour pique-niquer quand les paons ouvrirent leur queue. Tous les paons! Le père dont le jeans arborait toujours de blanches traces d'usure sur les parties génitales fit comme les oiseaux, il se pavanait fièrement. Il tentait de charmer la jeune femme qui nous vendit les frites qui allait accompagner nos sandwichs au fromage Cinglé de Kraft. Ma mère dont l'œil de lynx et l’oreille bionique étaient toujours à l'affût ne manqua pas cette horrible scène.
Comme une véritable et merveilleuse famille nord-américaine nous mangions notre lunch. Aux sons des insultes, que proférait ma mère à mon père, nous digérions difficilement. Maman avait un talent certain! Pour décrire le père, elle réutilisait tous les noms des animaux que nous avions vus, accompagnés de jurons et de sacres bien de chez-nous. Ce jour-là, même les bêtes les plus exotiques devinrent un peu québécoises.
Au retour, le père conduisait de façon chaotique, ce qui ne nous empêcha pas ma sœur et moi de nous endormir. Comble de malheur, à cette époque ma sœur avait la vessie fiable comme le ziploc de Cannelle dans Passe-Partout. Alors que la voiture s'arrêtait dans notre entrée, je fus réveillé par un liquide chaud sur ma cuisse. Odeur de fond de litière. Joie! Elle bonifia le parfum du merveilleux véhicule de courtoisie.
Mais l'orage menaçait toujours. Quelques mois après cette mémorable visite, il éclata. Dans une grisaille et une morosité des plus abjectes, mes parents se séparèrent sous le tonnerre, les éclairs, mais tout de même dans la joie et l'allégresse de nous avoir emmené au jardin zoologique!
Aimes-tu ça les tours de machine?