Au début du mois d’août notre
bon Premier Sinistre, l’infâme John James, déclenchait des élections. Sur fond
de crise étudiante, de crise sociale rapidement évacuées du débat politique, le Québec allait aux
urnes. Or, depuis le début de cette estivale campagne électorale, ton blogueur
favori a tâté du cynisme de ses compatriotes. Il était gros! Impressionnant! Empruntant
les largesses du tour de taille du bon Docteur Barette, que dis-je, aussi gros
et hypertrophié que l’égo de l’incorruptible Duchesneau, le cynisme s’exprime
souvent à travers un tollé au boycott du vote. Cet appel prend souvent la forme
d’un slogan anarcho-végé-tantrique : Élections piège à cons.
Pardon!?!? Hein!?!?!? Ouate de
phoque!?!?!?! Les choses étant ce qu’elles sont, ma vie étant la mienne,
remplie de bruyant show ponque-croque, d’utilisation abusive de casques
d’écoute, mon ouïe n’a plus l’acuité
qu’elle avait, de sorte que la première
fois que ton blogueur d’amour a entendu le dit slogan, il a plutôt ouï :
Érections pièges à cons. Les jokes de
pipi, caca, foune pouette m’ont toujours fait rire. Celle-là encore plus, vu
que ce bon Stephen Harpeur prononce toujours érection au lieu d’élection, à
croire qu’il fait une fixation sur les bandaisons. Ceci étant écrit, cela étant lu, laisse-moi
donc te raconter ma journée d’élection ou d’érection…
Le soleil brillait de tous ses
feux. J’étais grognon. J’en avais assez du soleil, de la chaleur, de la sueur,
alouette! Quoi qu’il en soit, je me résignais à aller faire mon devoir de bon
citoyen. Je détestais cette idée de devoir et de responsabilité. J’ai toujours
voté dans la joie et l’expectative de voir ce qui arriverait. Un peu comme
quand tu fais un mauvais coup pis que t’as hâte de voir le résultat. C’était donc avec l’espièglerie au cœur, que d’un pas allègre j’allais enfin être un
bon citoyen!
Irradié par les rayons de
l’astre de feu, j’arrivais énergisé à l’école primaire où se tenait l’élection
dans le comté d’Hochelaga-Maisonneuve. Un gentil bénévole m’a accueilli en souriant. Une longue file d’électeurs
empruntait l’escalier de terrazo
jusqu’au cœur de l’école, siège
des émotions démocratiques. Soudain, au bas du palier un autre bénévole à
moustache a crié, 69! Bureau 69! Bingo! Bingo! Ai-je répondu gaiment. Par ici,
monsieur. Je passais devant tout le monde suivant les indications du moustachu
qui me dirigeait vers la table 69.
Une curieuse odeur de renfermé
mêlée à celle des sueurs politiques flottait
dans le gymnase, la poussière virevoltait dans les airs, la table 69
m’attendait au fond de l’aire de jeu. Baignée par la lumière, radieuse,
arborant un chandail à tête de loup déformée par une opulente poitrine et portant
fièrement sa coupe de cheveux asymétrique rappelant vaguement les infernales années 80,
Cindy
la plantureuse et angélique lesbienne briseuse
de cœurs souriait béatement. Parlant cœur, le mien venait frapper le carré
rouge que la scrutatrice d’Hochelaga m’avait tatoué en avril. Pour être franc,
il n’y avait pas que ma vieille pompe à hémoglobine qui s’activait. Bien que
converti à l’ascétisme et aux vertus bouddhiques du punk, je sentais
mon infâme membre viril qui pulsait dans mon slip trop troué.
Arrivé devant cette satanée
table, j’ai présenté mon carton d’électeur et une pièce d’identité. Tandis que
ses collègues vérifiaient que j’étais bien l’humble Flash Gordon que j’étais
sur la liste. Nos regards se sont croisés. En fait, ils ont fusionné dans un
arc électrique seulement visible par nous. Shazzzzam! Alors que Germaine me
tendait mon bulletin de vote, je ne quittais pas Cindy des yeux. Je me
retrouvais derrière l’isoloir. Je dépliais mon bulletin de vote. Merde! Je
n’avais pas pris l’esti de crayon officiel! En plus, j’étais finalement bandé comme
un bouc. En fait, cette érection prenait tout l’espace disponible dans mon
bermuda cargo, à tel point que je craignais qu’elle s’en échappe! La peur au
visage j’ai sorti ma tête de derrière l’isoloir. Pssit! Pssit! Pssit! Cindy! Ma
belle Cindy passe moi un crayon s’il te plaît, ai-je innocemment supplié. Sans
le vouloir, je venais de déclencher une série d’événements qui rendraient à
tout jamais mon exercice du vote lubrique, érotique et erratique.
L’expression érection piège à
cons allait prendre tout son sens. Ma lesbienne végétarienne préférée s’est
levée pour me donner de quoi faire des beaux X. Son sourire coquin accroché à
ses lèvres pulpeuses et ses yeux bleus luxure venaient de m’achever. J’étais
une érection! Bâton de dynamite au bord de l’explosion. J’ai pris le crayon mes
doigts frôlant ceux de ma divine Cindy. J’étais sur le point de m’évanouir
lorsqu’elle m’a posé cette simple question en portant son regard lubriquement
affamé sur l’origine de mon malaise.
Es-tu content de me voir ou t’es juste bandé de voter? Pour toute réponse j’ai
voté pour le candidat debout et orangé puis j’ai déposé mes lèvres contre les
siennes en m’agrippant à la tête de loup de son chandail. La suite serait épique, rien de moins.
En moins de temps qu’il ne le
fallait pour égrener un chapelet un soir d’érection, Cindy avait libéré mon vit
au gland turgescent pour le branler vigoureusement un peu comme ces
travailleuses asiatiques exploitées qui vérifie les vibromasseurs à sonnettes
en les secouant énergiquement. Après avoir dégrafé son soutif pour pincer ses
mamelons pour lui prouver qu’elle ne rêvait pas, je relevais la jupe de ma
compagne. Quelle drôle d’idée! Elle portait une tite culotte! Au point où
j’étais rendu ce n’était pas une petite barrière de textile qui allait m’arrêter…
J’écartais donc la culotte aux têtes de
morts. Du bout des doigts, je sentais la chaleur et la moiteur du sexe de ma
végétarienne d’amour. Cindy s’est alors penchée, puis appuyée sur la table
derrière l’isoloir. Mon gland toujours
turgescent se trouvait sur le bord de cet antre humide de plaisir. Elle a
cambré les fesses et d’un coup de hanche plutôt rock, je l’ai pénétré
profondément. Mon vit s’est enfoncé dans son con. Je continuais à rocker des
hanches. Mon pieu entrait et sortait dans un pervers va et vient. Je commençais
à comprendre l’expression piège à con alors que Cindy gémissait animalement. Ma tête dépassait de l’isoloir et je
m’activais, toujours à soulager mon
érection dans le con de cette curieuse fille aux cheveux de feu. Il y avait du
sport! Yéa! On a beau dire mais quand on se fait aller la trique dans un con
bien juteux, ça devient aussi excitant que sportif. L’isoloir était tombé. Je
continuais à besogner Cindy résolument, ce faisant j’avais attrapé ses généreux
seins pour lui en titiller les bouts. Elle s’agrippait à la table. J’ai envoyé
un clin d’œil à ma compagne. C’est à ce moment là que j’ai remarqué qu’autour
de moi ça s’activait solide aussi.
Le moustachu embrassait
Germaine à bouche que veux-tu tout en malaxant sa poitrine! À la table d’à côté
les deux scrutateurs avaient dégainé leurs verges et s’astiquaient mutuellement
le manche. À l’entrée du gymnase, je voyais une gang de libéraux s’activer sur
des électeurs. Je peux t’affirmer qu’ils étaient libéraux car ils enculaient
les votants sans lubrifiant. Plus loin, des péquisses les imitaient ajoutant
seulement un peu de beurre du Québec. Ça c’était du vote stratégique! Deux
caquisses à casque s’adonnaient à un 69 que n’aurait pas renié leur comptable
de chef. Des gémissements, des cris, des bruits lubriques, des pops, des
zoukezouks s’élevaient dans Hochelaga-Maisonneuve. Cette symphonie sexuelle
devenait la trame sonore du vote. Dans un coin, ça forniquait, dans l’autre on
s’embrassait. Il n’y avait pas à dire,
les érections attiraient les cons pour le meilleur et le pire de la
démocratie québécoise.
Je faisais corps avec Cindy. Mes
mouvements étaient siens, mes mains étaient seins. Nous ondulions de plaisir.
L’excitation atteignait un point de non-retour. Nous explosions! Dans un cri
conjoint de jouissance, mon vit emplissait de semence le con de ma partenaire.
Puis, c’était la queue encore dégoulinante que je déposais mon bulletin de vote
dans la boîte. Sous la table, emboîtés l’un dans l’autre, le moustachu et
Germaine s’amusaient ferme. J’embrassais
Cindy en m’excusant pour mon piège à con. Je traversais le gymnase enjambant
des couples, des trios, des familles politiques et de fiévreux adeptes de
l’onanisme. Dans l’escalier on se bousculait, tout le monde voulait jouir de la
démocratie. Fraîchement converti aux joies du punk bouddhisme, je quittais
l’école avec le sentiment d’avoir plaisamment fait corps avec ce que la
démocratie québécoise avait de mieux à m’offrir. Finalement, les
anarcho-végé-tantriques avaient raison : Érections piège à cons!
Quelques minutes plus tard,
j’arrivais chez moi en souriant comme un dalaï-lama tatoué à crête. Dring!
Dring! Dring! Le téléphone ne cessait sa plainte qu’au moment où je décrochais
le combiné. C’était mon amie Petit-Loup! Je l’invitais à regarder la soirée
électorale. Elle serait sportive! C’était sûr! Les diseuses de bonnes
aventures, les sondeurs, les prophètes, les oracles et tous les journalistes et
journaleux le prédisaient.
En début de soirée, Petit-Loup est enfin arrivée. C’était
toujours un plaisir immense que de la côtoyer.
Nous avons débouché une bouteille de gros rouge qui tache pour
agrémenter cette soirée électorale. Crisse qu’on était festifs! Yéa! Assis sur
ma spacieuse terrasse, Petit-Loup en grillait une et nous regardions les
volutes de fumée en discutant de nos préférences en matière de couleurs
électorales. Soudain, ma Sympathique
Voisine, attirée par notre brillante conversation, s’est jointe à nous. Comme un trio d’analystes politiques nous
avons donc continué à spéculer sur l’issue de cette journée électorale. Un
dingue dong est venu me couper la parole. J’allais ouvrir la porte au livreur
de pizzas. Je soulageais le pauvre homme de son fardeau en le payant alors
qu’il prédisait une victoire de Fanfois Lego et de ses ti casques. Je racontais
l’anecdote à mes deux compagnes tout en leur servant de la chaude pizza.
Après avoir dévoré notre pizza
livrée par le petit cousin intellectuel de Gérard Deltell, nous sommes passés au
salon, non sans avoir rempli nos verres de vin. Patrice Roy n’avait pas la
voix, le flegme et le sex appeal de Bernard Derhum’n’coke, mais Petit Loup
comme Sympathique Voisine n’en avaient cure puisqu’emportées sur une discussion
sur le choix de société qui s’offrait à nous tous. Pour ma part, tant qu’il y
avait du vin je considérais qu’il y avait de l’espoir.
De l’espérance il y en eu,
alors que nous étions retournés nous aérer sur ma terrasse la pluie s’est mise
à tomber. Cette pluie que nous n’avions pas vue de tout l’été me semblait aussi
purificatrice que cette élection à la con. J’avais la futile et naïve impression
que cette averse nettoierait ma belle Province. De purification, elle avait
désespérément besoin. Donc, la pluie tombait et abreuvait enfin la terre
desséchée. Parlant sécheresse, nos gosiers déshydratés réclamaient leurs doses
de liquide, je remplissais nos verres et nous nous sommes tous retrouvés devant
le téléviseur à regarder tout autant que commenter le spectacle électoral.
Observer les résultats d’une
aussi importante que symbolique élection à la télé c’était une balade en
montagne russe émotive. Nous sommes montés dans les hautes sphères euphoriques
de la joie à l’annonce de la victoire d’Amir et Françoise. Puis, une effrayante chute nous a terrorisés
chaque fois qu’un caca caquisse gagnait. Un réconfortant soulagement nous
enveloppait quand un péquisse plantait un libéral. L’impression de déraillement
offrait une pression constante à ce tour de manège politique. Les hauts le cœur
se bousculaient dans nos gorges nouées d’inquiétude. La tendance se maintenait
selon Patrice Roy, on aurait un gouvernement péquisse minoritaire. Nous
revenions à notre point de départ alors qu’une femme prenait les commandes du
manège enchanté qu’était le Québec. Je versais une tite larme comme mes deux
invitées. C’était pas tous les jours qu’on avait une Première Sinistre…
Mes invitées ne jouissaient
pas, comme leur chaleureux mais plutôt éméché hôte du statut de chômeur. Leurs
obligations professionnelles tout autant que les bras de Morphée les
réclamaient à grand cri de bâillements émus. Après échange de câlins et de
chastes bises, Petit Loup et Sympathique Voisine m’ont donc laissé seul avec
Patrice. La pluie tombait de plus belle. L’air était lourd comme les sombres
rideaux de velours du tragique théâtre de notre démocratie agonisante
Histoire de digérer les tristes
résultats de cette élection, qui avait tout de même donnée 50 sièges aux
Libéraux dont il semblait qu’on ne serait jamais tout à fait libérer, je me
servais un scotch que j’accompagnais d’une bière solitaire et solidaire. La télé me montrait une Pauline
radieuse qui discourait. Je sifflais mon scotch. Hop là! J’entamais ma douce
bière quand deux gars sortis de L’agent fait la farce
ont agrippé notre nouvelle Première Sinistre pour la sortir de scène. Leslie
Nielsen était pourtant mort depuis 2010! La confusion régnait sur scène alors
que Patrice Roy bafouillait aussi bien que ce bon vieux Derhum’n’coke.
La confusion faisait
tranquillement place à l’horreur alors que l’on pouvait voir l’arrière train du
Métropolis en flamme et que l’on annonçait que des coups de feu avaient été
tirés. En fait, on le confirmait tandis qu’Yves Desgagnés arborait son sourire
toasté des deux bords. La brillance de ses dents blanches n’ont pas suffit à
éclaircir les ténèbres qui enveloppait d’un épais mystère le Québec entier.
Soudainement, mon téléviseur montrait un hurluberlu à cagoule qui
hurlait : Les Anglos se réveillent! Les Anglos se réveillent! Les Anglos
se réveillent!
Pardon!?!? Hein!?!?!? Ouate de
phoque!?!?!?! Les Anglos se réveillaient!?!?!?! Z’avaient enfin compris!?!?!?
Compris qu’ils sont privilégiés d’avoir des soins de santé, de l’éducation et
des services de toutes sortes dans leur langue maternelle.Je rêvais! J’hallucinais! Je
fantasmais! Après seulement une heure de gouvernement péquisse à Pauline, ils
avaient compris ce que de multiples années de lutte indépendantiste n’avaient
réussi. Je jubilais de confusion et d’euphorie dans mon salon. Je dansais une
tite gigue de bonheur. Mais, cela a été
de courte durée. J’ai été frappé par la dure réalité. Glou! Glou! Glou!
Hein!?!?!? Ouate de
phoque!?!?!?! Quoi encore!?!?!? Glou!
Glou! Glou! Le sang coulait. Ce fou
clamait le réveil des Anglos alors que le sang coulait. Glou! Glou! Glou! Ce
dément était responsable. Il y avait eu
mort d’homme. J’osais espérer que ce n’était pas un réveil sanglant que les
Anglos souhaitaient. Le sang coulait. Glou! Glou! Glou! L’hémoglobine engluait
à tout jamais dans nos mémoires le souvenir de cette funeste soirée. Ce n’était
pas qu’une figure de style. Glou! Glou! Glou! Le sang jaillissait! Fontaine de sang, mon téléviseur suintait de liquide rouge,
épais, ferreux et froid. Glou! Glou! Glou! Ça
dégoulinait, je ne voyais plus clair. Il y en avait partout. La télé balbutiait
dans les globules rouges. J’avais les pieds dans le sang. Le Québec baignait
dans le sang. Puis, je me suis mis à
songer que si je te racontais ça, tu me dirais que c’était juste de la
délirante littérature. À mon grand désarroi, la réalité dépassait toujours la
fiction, mais jamais, au grand jamais pour le mieux. Ainsi, une funeste tragédie nous guettait
toujours. Esti! Leloup avait raison! Le monde était à pleurer. Je contenais
malgré tout mes larmes, de peur, qu’elles
soient de sang.