Diable d'Amérique! Je veux te glisser un mot à propos du diable d'Amérique. En fait, je vais t'en faire le portrait. Tu pourras ainsi, comme moi, frémir des sévices qu'il infligera vicieusement à l'humanité. Sers toi un verre de ton alcool préféré, on part.
À première vue l'animal a l'air inoffensif. Ce diable a flirté avec l'angélisme des marxistes-léniniste-trotskyste-maoïste-boulechiste post soixante-huitard. Il avait l'air tout doux, un ange de douceur. Le bon Québec l'a nourri, l'a engraissé. Sans que personne s'en aperçoive, l'ange a vu sa douceur faire place à l'intransigeance et à la violence. Les jolies ailes ont disparu, les cornes rouges ont fleuri alors que l'on a alimenté la bête. Elle a pris de l'ampleur. Grâce à tes bon soins, c'est un animal vorace et prospère. Il a du succès dans tous les domaines. Le démon américain te vend de tout: des magazines, de la térébenthine, des journaux, des oripeaux, des pilules, des bidules, des musiques, des gamiks, des skidoos, des hiboux, des voitures de métros, des banjos, des cossins à 1 piasse, des bonbons dégueulasses, des la sloche aux poussins écrapoutis, du riz, des pirouettes, des girouettes, des ballons qui tournent sur ton nez, des organes plastifiés, des bijoux, des ripoux, des romans, des forbans, des poutines, des collines, des bières, des prières, des saucisses, des calices... Bref, le diable est partout! Il veut ton bien et il l'aura.
Infatué, méprisant, arrogant, le diable d'Amérique est merveilleux! Si par bonheur, il t'embauche tu pourras apprécier sa magnanimité comme sa générosité. Ah! Tu rouspètes? Pas grave, le diable déplace tes emplois en Amérique du Sud, en Asie. Il se garde l'Afrique pour dumper ses déchets... La bête ne se limite plus qu'à l'Amérique. Tu te dis j'ai une job de bureau, qu'importe, le bourreau va frapper comme le chante joliment Didier Wampas: De toute façon un beau jour ils fermeront les bureaux, comme ils ont déjà fermés toutes les usines! Tu ne gagneras pas, si jamais, il trébuche malencontreusement, comme GM par exemple, ton bon gouvernement viendra aider le diable à se relever.
Je ne te sens pas convaincu. Je te rappelle cependant qu'au lendemain du 11 septembre 2001, te causant de l'Axe du Mal, le diable d'Amérique exhortait ses concitoyens comme toi à aller consommer, consommer, consumer, voilà ce que veut le diable d'Amérique, qui n'a plus d'Amérique que le nom parce qu'il est partout de Tombouctou à Waterloo en passant par Tokyo et Chibougameau... L'as-tu vu? As-tu vu le diable d'Amérique? Pendant que tu penses à ça, je vais aller m'acheter un autre ipod, un cinquante-troisième jeans, des Converses, un t-shirt du Che pis une bouteille de rhum...
On s'en sort pas, nous avons tous de la sympathie pour le diable!